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mais je ne m’y engage pas sans crainte. Le poëme de Dante est comme une de ces basiliques romaines dont on ne veut pas seulement visiter le dedans et le dehors, mais aussi le dessous : on descend à la lueur des torches dans le caveau sacré, on y trouve l’entrée d’une catacombe qui s’enfonce, se divise en plusieurs branches, se développe dans un espace immense ; et si l’on va jusqu’au bout sans reculer et sans se perdre, on sort dans la campagne, bien loin du lieu où l’on était entré. Je ne me dissimule ni l’immensité ni l’obscurité des recherches : j’irai d’un pas rapide, et j’espère que le fil conducteur ne tombera pas de mes mains.


I


Au treizième siècle, la poésie n’est pas réfugiée dans le cœur d’un citoyen de Florence : elle est partout. Elle est dans les actions d’un temps qui vit les dernières croisades, le suprême effort de la lutte du sacerdoce et de l’empire, la chute de Frédéric II, la vocation de saint Louis, l’apostolat de saint François et de saint Dominique quand Dieu sème de grands événements quelque part, je m’attends qu’il y germera de grandes pensées. Elle est dans les monuments d’une époque qui bâtit la Sainte Chapelle, qui fonda les cathédrales de Cologne et de Florence, qui inspira Eudes de Montreuil, Nicolas