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a souvent déshonoré les tombes chrétiennes par le paganisme de ses allégories. Cependant ces mauvais ouvrages disparaissent au pied des piliers superbes qui les dominent, au fond des chapelles qui les cachent. Dieu reste maitre du lieu saint une pensée antique de foi, d’humilité, de pénitence, remplit tout l’édifice, et couvre comme d’un manteau la décadence des générations nouvelles. Westminster eut aussi ses jours de splendeur, quand cette basilique nationale s’éleva sur le tombeau de saint Édouard, et qu’autour du saint roi vinrent reposer les plus belliqueux de ses successeurs. Mais après que le protestantisme eut chassé Jésus-Christ de ce temple, il le remplit de morts sans gloire, il vendit aux riches le droit de figurer parmi les grands : il encombra les nefs ; il ferma des arcades entières, pour entasser l’un sur l’autre les monuments de sa vanité et de son mauvais goût. Cependant la châsse de saint Édouard est restée mutilée comme aux premiers jours de la réforme, quand les iconoclastes y passèrent, le marteau à la main. Et les tombeaux profanés des Plantagenets, auxquels le voisinage du saint a porté malheur, touchent de pitié le voyageur français, qui ne peut s’empêcher de plaindre ces héroïques ennemis de sa patrie.