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beauté, pour représenter les sept Sciences et les sept Vertus. L’allégorie, qui ne prête que des fictions languissantes aux artistes des siècles savants, s’échauffait sous la main des hommes du moyen âge. La foi dont ils débordaient passait dans leurs créations : ils finissaient par croire à leurs personnages, et par leur donner cette simplicité, ce naturel et cette verve qui les font vivre. Le poëme de la Réparation de la nature humaine, avec ses belles stances de huit vers hendécasyllabes, a déjà l’allure de l’épopée : je trouve l’essor lyrique dans le cantique suivant, où Jacopone représente le Christ en quête de l’âme errante.

LES ANGES. « Ô Christ tout-puissant quel voyage faites-vous ? Pourquoi cheminer pauvrement comme un pèlerin ? »

LE CHRIST. « J’avais pris une épouse, à qui j’avais livré mon cœur. Je la parai de joyaux pour en tirer honneur à ma honte, elle m’a quitté. C’est ce qui me fait aller triste et en peiné. Je lui prêtai ma forme et ma ressemblance. Afin que toutes ses vertus trouvassent leur emploi, je voulus que l’âme eût le corps pour serviteur c’était un bel instrument, si elle ne l’avait désaccordé ! – Afin qu’elle eût lieu d’exercer ses puissances, pour elle je formai toutes les créatures. Ces biens pour lesquels elle devait m’aimer, elle m’en a fait la guerre. »

LES ANGES. « Seigneur, si nous la trouvons, et