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qui tout à coup, dans un moment d’émotion, nous découvrent des vérités vainement cherchées par l’effort du raisonnement. Mais ces vues soudaines n’éclairent l’âme qu’à l’instant où elle s’oublie elle-même, où, par un élan désintéressé, elle se dégage des passions et des sens. Il y a donc des lumières cachées à la science qui se donnent à la vertu il y a, pour atteindre au vrai, une voie morale, plus sûre que la voie logique. Voilà pourquoi tous les mystiques commencent par établir l’insuffisance de la raison. Jacopone va plus loin avec un langage qui rappelle moins la modération de saint Bonaventure que la véhémence de saint Pierre Damien, il abjure à la fois Aristote et Platon, les traditions savantes de l’antiquité, et les artifices de la scolastique contemporaine et dans cet enseignement théologique de l’Université de Paris, qui venait de jeter tant de clartés, il ne voit que l’orgueil du savoir et la vanité des disputes. « Paris, dit-il, a détruit Assise, et leurs lecteurs nous ont mis dans la mauvaise voie. » Aux controverses de cette, école célèbre, à ses thèses de quolibet proposées et soutenues contre tout venant, il oppose le dernier examen que toute âme doit subir, où tous les sophismes ne serviront de rien contre les syllogismes du Juge éternel. Ailleurs il célèbre la sagesse qui se dérobe aux faux sages : « Vainement viennent-ils, armés de plusieurs clefs, fatiguer la porte fermée pour eux. La vraie sagesse