Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 5.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion qui frappa les deux cardinaux et leurs adhérents. Il résidait depuis trois mois au couvent que les Frères Spirituels avaient encore dans la ville de Palestrina, fief des Colonna et leur principale forteresse. C’était de là, c’est-à-dire d’un lieu ennemi, où toutes les accusations trouvaient foi, qu’il avait jugé la question qui divisait les esprits et, par une de ces illusions que Dieu permet pour humilier la sagesse des hommes, dans une affaire si capitale, l’ancien jurisconsulte, le théologien, le pénitent, se trompa. Mais son erreur fut celle d’un cœur passionné pour l’honneur de l’Église et déchiré de ses plaies. Toute la tristesse de ces jours de scandale se fait sentir dans les vers suivants, où je trouve bien moins de colère que d’amour : « L’Église pleure, elle pleure et se lamente, elle sent tout le malheur d’une détestable condition. — Ô très-noble et douce mère, pourquoi pleurer ? Tu sembles souffrir de grandes douleurs. Conte-moi ce qui te fait pousser des plaintes sans mesure. — Mon fils, si je pleure, j’en ai bien sujet : je me vois sans père et sans époux. J’ai perdu enfants, frères et neveux ; tous mes amis sont captifs et chargés de liens. — Les miens jadis vivaient en paix : maintenant je les vois en discorde ; les infidèles m’appellent immonde, à cause du mauvais exemple que mes enfants ont semé. — Je vois la pauvreté bannie… Ils ont remis en honneur l’or et l’argent. Mes ennemis