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retour plein de tendresse sur les pauvres. Il n’a plus qu’à finir, et c’est ainsi qu’il congédie son auditoire « Sachez que ceci n’est ni fable ni dire de bouffons. Frère Jacomino de Vérone, de l’Ordre des Mineurs, l’a composé de textes, de gloses et de sermons. Maintenant demandons tous qu’à l’auteur de l’histoire, et à vous qui l’avez entendue avec grande dévotion, le Christ et sa mère donnent récompense.[1] »

Une composition si étrange ne peut être jugée qu’en présence des souvenirs, des mœurs, des désordres qui l’inspirèrent. Le pieux écrivain doit moins qu’il ne dit aux textes sacrés. Les livres saints, comme les Pères des premiers siècles, enseignent toujours les peines éternelles ils les décrivent peu. Quelques versets de l’Apocalypse laissent seulement apercevoir, comme dans le lointain, le puits de l’abîme et l’étang de feu mais il semble que le disciple bien-aimé ait hâte de se détourner de ces menaçantes apparitions. Plus tard, quand la chute de l’empire romain et la ruine de tout l’ordre visible du monde eurent poussé plus vivement que jamais la pensée des hommes vers les choses invisibles, saint Augustin et saint Grégoire le Grand s’occupèrent de porter la lumière dans l’abîme, et d’éclaircir le mystère de la justice

  1. Ke queste non fable, nè diti de buffon.
    Jacomin da Verona, de l’Ordeno de Minori,
    Lo copula de testo, de glose et de sermon.