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vit à son service tant de chevaliers et de poètes, était bien le seul amour digne de cet homme chaste, de qui ses contemporains disaient « qu’Adam semblait n’avoir pas péché en lui. » Et comme les femmes de la terre aimaient à être saluées le soir par les chants des troubadours, , il voulut que dans toutes les églises de son Ordre, à la chute du jour, la cloche sonnât pour rappeler le salut de l’ange à la reine du ciel. L’Angélus , ce poétique appel parti de l’humble tour des Franciscains, vola de clocher en clocher pour réjouir le paysan sur le sillon et le voyageur sur la route[1] . Cependant le saint docteur ne pensait pas laisser au bronze le soin de louer la Mère du Sauveur ; lui-même avait essayé pour elle, si l’on peut ainsi parler, toutes les cordes dé la lyre chrétienne, psaumes imités de David, séquences populaires, cantiques de joie et de tristesse. Parmi les compositions qu’on lui attribue, je distingue un poëme latin de quatre-vingt trois octaves, en vers syllabiques rimés. On n’y voit d’abord qu’une anagramme de l’Ave Maria, dont chaque lettre commence une strophe. ; mais sous cet artifice, conforme d’ailleurs au goût de son siècle, le poète ne tarde pas à se montrer, et, avec

  1. Acta canonizationis S. Bonaventurae, ad calcem Operum, t. VII. Moguntim, 1609, p. 799 : « Idem enim piissimus cultor gloriosa Virginis Matris Jesu instituit ut fratres populum hortarentur ad salutandam eamdem, signo campanae quod post Completorium datur, quod creditum sit eamdem ea hora ab angelo salutatam. »