Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Insuffisances de l'épiscopat

Ces heures de découragement, ces abdications volontaires, sont fréquentes dans la vie des saints évêques austrasiens : Remacle, successeur de saint Amand, Arnulf de Metz, Hidulf de Trêves, finirent par chercher dans le cloître une paix que la corruption du siècle ne leur laissait plus. L’entrée des barbares dans l’Église avait, été une invasion ils portaient le trouble dans les habitudes des vieux chrétiens, ils envahissaient le sacerdoce, ils s’emparaient de l’épiscopat. Les noms germaniques qu’on lit au septième siècle dans les catalogues d’évêques égalent déjà le nombre des noms romains. Les hommes de sang s’assirent sur la chaire des confesseurs et des martyrs. Sous ces prélats belliqueux qui vivaient entourés de piqueurs, de chiens et de dresseurs de faucons, souvent le clergé fut sans règle et sans doctrine ; le sanctuaire devint un manoir, et la crèche de Béthléem une écurie de chevaux de guerre. Le sixième siècle n’avait-eu que sept conciles nationaux ou provinciaux : le septième n’en compta que cinq ; et dans ces assemblées peu nombreuses on ne retrouve pas les questions mémorables qui agitaient l’Italie et l’Orient. Saint Grégoire le Grand écrivait aux rois austrasiens pour leur reprocher les honneurs ecclésiastiques vendus à l’encan, l’élévation subite des laïques puissants aux siéges épiscopaux ; « d’où il arrive que ceux qui aspirent aux saints ordres ne songent point à corriger leurs mœurs, mais à ramasser les ri-