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asile, abandonné des siens, poursuivi d’injures par les femmes, battu par les hommes, jeté dans les rivières. Enfin ces peuples, que la foi ne touchait point, furent vaincus par la charité. Un des leurs ayant été condamné à mort, Amandus sollicita la grâce du coupable et ne l’obtint pas. Mais, quand les bourreaux se furent retirés, il fit détacher le corps du gibet, s’enferma avec lui dans le lieu où il avait coutume de prier, et, le lendemain, ceux qui venaient ensevelir le supplicié trouvèrent que l’évêque l’avait rappelé à la vie, et s’occupait de laver ses plaies. Le bruit de cette action émut tout le pays ; et les habitants, renversant leurs temples, demandèrent le baptême. Mais Amandus affermissait son ouvrage en prenant possession du sol par la fondation de plusieurs monastères. Il les peuplait de ses néophytes, de captifs rachetés par ses soins, de courageux disciples comme saint Bavon, saint Florbert, saint Humbert, qu’attirait autour de lui le prestige de l’exemple et du péril. En 647, le vœu des évêques et du peuple l’éleva au siège de Maëstricht ; mais cette grande âme, qui avait résisté à tous les périls de l’apostolat, ne résista pas -au spectacle des dérèglements du clergé. Au bout de peu d’années, et malgré les instances du pape Martin I°, Amandus reprit son bâton de missionnaire, et quitta Maëstricht pour aller vieillir chez les païens[1].

  1. Vita S.Amandi, ap. Mabillon, Acta SS O.S.B., t. II, p. 715.