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chrétienne. Au contraire l’esprit impétueux du moyen âge éclate déjà dans la vie de saint Amand.

S.Amand.

Amandus, Aquitain de naissance et formé à la discipline monastique dans une île de l’Océan, après avoir passé quinze ans de sa vie dans une cellule auprès de l’église de Bourges, se lassa tout à coup de la solitude, et se sentit inspiré d’aller visiter Rome. Là, comme il demandait à veiller une nuit devant le tombeau des saints apôtres, les gardiens le chassèrent honteusement. Il restait donc assis sur l’escalier de la basilique, lorsqu’il crut voir devant lui l’apôtre saint Pierre qui lui montrait le chemin des Gaules, et lui ordonnait d’y porter l’Évangile aux païens. Il obéit donc ; et, ayant reçu en 626 la consécration épiscopale sans résidence déterminée, il prêcha d’abord dans le pays de Gand et de Tournay. Il y trouvait un ciel rigoureux, une terre stérile, un peuple qui, après avoir connu le christianisme, était retourné aux faux dieux, et si farouche, que les prêtres refusaient de l’évangéliser. La terreur que répandaient ces barbares sembla d’abord troubler le cœur du jeune missionnaire et, oubliant cette maxime de saint Grégoire, que les conversions doivent être volontaires, il sollicita l’ordre de Dagobert, que si quelqu’un refusait le baptême, « il y fût contraint par l’autorité royale. » Il ne tarda pas à connaître que la conquête des âmes voulait une autre puissance-que celle des rois. Longtemps il erra sans