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comme des bêtes féroces. Mais la majesté de sa personne, la douceur de ses discours, le charme de ses vertus, unissaient par désarmer toutes les résistances. Peu à peu il attirait, il réunissait dans les oratoires, il courbait sous la discipline du catéchuménat ces hommes passionnés pour la solitude et pour l’indépendance. Chaque année, au temps de Pâques, il en baptisait un grand nombre et des vieillards tout blanchis venaient recevoir l’eau sainte de ses mains. Saint Ouen, son ami et son contemporain, a recueilli le souvenir d’une prédication qui faisait des conquêtes si rapides. On aime à y surprendre le secret de la parole chrétienne au moment de sa plus grande puissance, à entendre ce langage sensé que l’Église tenait à des peuples bercés de fables, qui allait, pour ainsi dire, réveiller les consciences, et y substituer aux vaines terreurs de la superstition la crainte de Dieu et le respect des hommes. « N’adorez point le ciel, disait-il, ni les astres, ni la terre, ni rien autre que Dieu car, seul, il a tout créé et tout ordonné. Sans doute crie ciel est haut, la terre grande, la mer immense,les étoiles sont belles ; mais il est plus grand et plus beau, celui qui les a faits. Je vous déclare donc que vous ne devez pratiquer aucune des sacriléges coutumes des païens. Que nul n’observe quel jour il quitte sa maison et quel jour il y rentre ; car Dieu a fait tous les jours. Il ne faut pas craindre non plus de commencer un travail à