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ils eurent leurs représailles, quand le roi Clotaire exila Nicetius. Mais lui, s’en allant en exil, consolait le seul diacre qui l’eût accompagné, et l’assurait que le jour de la justice était proche. Sigebert, en effet, le rappela, et les Francs entourèrent de leurs respects les dernières années de ce vieil évêque, qui passait pour avoir connu les desseins de Dieu sur la race de leurs rois. On disait qu’il avait vu en songe une haute tour dont les créneaux touchaient au ciel. Le Sauveur était debout sur le faîte, et les anges se tenaient aux fenêtres. Or l’un d’eux avait dans les mains un grand livre, où il lisait l’un après l’autre les noms de tous les rois qui avaient été ou qui seraient un jour, en marquant le caractère de leur règne et la durée de leur vie ; et après chaque nom tous les anges répondaient Amen. Grégoire de Tours rapporte ce rêve, elle trouve prophétique ; rien ne peint mieux en effet la mission des Francs que cette intervention de Dieu même, faisant lire aux anges les commencements d’une histoire qui devait être pour ainsi dire la sienne: Gesta Dei per Francos.[1]

Toutefois, Grégoire de Tours, l’historien de ces grands évêques, et Fortunat leur poëte, qui les poursuivit de ses épîtres, de ses éloges, de ses épitaphes, s’accordent à les louer d’avoir soutenu les

  1. Fortunat, Carmin. III, 9, 10. Gregorius Turonens., Historia, lib. X, cap.XXIX. De vitis Patrumcap. XVII. Epistolae S Nicetii apud Duchesne, t. I, p. 852.