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du christianisme portaient en secret des amulettes, prenaient les augures, sacrifiaient au bord des fontaines, et allumaient le feu sacré au frottement de deux morceaux de bois. Si la lune s’éclipsait, la foule assemblée sur les places poussait des cris terribles, pour délivrer l’astre des deux loups dont on le croyait poursuivi. De longues processions d’hommes couverts de vêtements en lambeaux promenaient dans les campagnes les images des anciennes divinités. Les moeurs étaient encore moins chrétiennes que les croyances. L’esclavage et la polygamie régnaient dans les manoirs des grands ; l’incendie et le pillage faisaient l’occupation de leurs journées, et l’orgie le repos de leurs nuits. Il fallut qu’une constitution de Childebert II, publiée au champ de mars d’Attigny (595), punît de mort -les noces incestueuses, inutilement poursuivies par les canons des conciles. La personne. des prêtres n’était guère plus respectée que l’asile des lieux saints et que les terres ecclésiastiques. Les satellites du même Childebert poursuivaient un accusé jusque dans la maison d’Agéric, évêque de Verdun, découvraient le toit de l’oratoire où le proscrit s’était caché, et le massacraient au pied de l’autel, sous les yeux du pontife, qui en mourut de douleur. Et cependant les prédilections de l’Église s’arrêtèrent sur cette seconde branche de la race franque. A la mollesse des Neustriens elle préféra les courages indociles de ces barbares qui lui faisaient