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Paganisme et barbarie des Austrasiens.

Les tribus austrasiennes étaient restées entre la Somme et le Rhin, sur un territoire sillonné par les invasions, dans le voisinage de la Germanie, là où elles se recrutaient là se conservaient les habitudes militaires de la conquête, et le souvenir des forêts natales. Il ne faut pas croire que tous les Francs eussent accompagné Clovis au baptême : longtemps encore on vit à sa table les adorateurs d’Odin s’asseoir à côté des évêques et des moines. Un jour que saint Waast accompagnait Clotaire au banquet qu’un de ses leudes lui avait préparé, en entrant dans la salle il remarqua, d’un côté, les vases de bière et d’hydromel bénis pour les convives chrétiens ; de l’autre, ceux qu’on avait réservés aux libations des infidèles. Le plus grand nombre de ces opiniâtres qui repoussaient l’Évangile n’entrèrent pas en Neustrie, et, se détachant de leurs compagnons, ils demeurèrent dans les provinces orientales avec leurs dieux. Les bords de la Meuse et de l’Escaut devinrent le refuge d’un paganisme qui s’attachait aux arbres des forêts, aux eaux des fontaines, souvent aux idoles délaissées des Romains. L’anachorète Wulfilaich jeûnait et priait pour décider les infidèles du pays de Trèves, à renverser la statue de Diane. Tel était à Cologne le nombre de Francs faisant profession d’idolâtrie,

    goberti — Thierry, Lettre X sur l’Histoire de France, reconnaît dans le char à quatre bœufs des rois fainéants le luxe ordinaire de la noblesse gauloise. Grimm, Deutsche Rechtsalterthümer, p. 262, y voit au contraire un trait de mœurs germaniques.