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motifs religieux. Il s’agissait d’étendre le seul royaume catholique de l’univers, d’agrandir l’héritage du Christ, d’humilier les mécréants. Vous reconnaissez les motifs, les signes, les prodiges ordinairès des croisades ; ou plutôt la croisade est ouverte elle se continuera contre les Saxons, contre les Slaves, contre tous les païens du Nord, jusqu’à ce qu’elle tourne vers l’Orient. Quand les Francs mirent le pouvoir séculier au service du christianisme, ils posèrent le principe d’où sortit toute la politique du moyen âge[1].

Les

Francs

succèdent

aux Romains.

En même temps qu’ils venaient prendre un rôle

nouveau dans l’histoire, les Francs y devaient succéder aux fonctions d’un peuple plus ancien ; ils allaient remplacer ces mêmes Romains dont ils se vantaient d’avoir précipité la chute. Rome, pour qui travaillaient toutes les nations policées de la Grèce et de l’Orient, avait recueilli l’héritage de là civilisation antique pour le conserver, et afin de le transmettre aux peuples modernes. Elle était allée chercher les barbares ; elle avait voulu les dompter

  1. Grégoire de Tours, lib. II, 29, dicebat: « Deus vester nihil posse manifestatur ; et quod magis est, nec de deorum genere esse probatur. Si in nomine deorum meorum puer fuisset dicatus, vixisse tutique. » Id., cap. XXXI : « Restât unum quod populos qui me sequitur non patitur relinquere deos suos ; sed vado, et loquar illis juxta verbum tuum.» idem., cap. XCVII : « Valde modeste fero quod hi ariani partem teneant GaDiarum eamus cum Dei adjutorio, et, superatis, redigamus terram in ditionem nostram ».Nicetii Epistola ad Chlodoswing apud Bouquet, t. IV : « Et cum esset homo astutissimus, noluit acquiescere ante quam vera agnosceret. »