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cycle mobile de l’épopée religieuse, jusqu’au moment où elle se fixera sous les traits immortels de la Divine Comédie.

Les temps que nous avons traversés ne nous rendraient pas les merveilles de l’éloquence classique nous ne retrouverions nulle part les tribunes d’Athènes et de Rome, ni même la parole dorée de saint Jean Chrysostome, ni les cris pathétiques de saint Augustin. Cependant saint Jean Chrysostome et saint Augustin, avec toute la beauté de leur génie, ne réussirent qu’à consoler les derniers moments de leurs peuples d’Antioche et d’Hippone ; ils aidèrent la société ancienne à bien mourir, ils honorèrent ses funérailles. Les prédicateurs des temps barbares firent plus:ils créèrent des peuples nouveaux. Les discours de saint Éloi, de saint Gall, de saint Boniface, commencèrent la tradition de cette éloquence simple, populaire, moins curieuse de plaire à l’oreille que de convaincre la raison, et dont il faudra bien avouer la puissance quand elle éclatera sur les lèvres de saint Bernard, et qu’elle fera les croisades. Mais saint Bernard prêche en langue vulgaire à cette voix qui lève des armées, je reconnais la parole de la France, mise au service de la civilisation chrétienne et j’ai confiance qu’elle y restera.


FIN.