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Destinée des écoles carlovingiennes.

Cette épître a bien l’accent d’admiration passionnée, de respect et aussi d’aimable enjouement qui convenait aux entretiens familiers d’un homme excellent comme Alcuin, avec un grand homme comme Charlemagne. Toute la cour y paraît le clergé de la chapelle et les enfants qu’on exerce au chant ecclésiastique, le collège des médecins, les scribes de la bibliothèque, l’école enfin ; et autour du prince tout un cortége d’illustres personnes, vouées au culte des lettres. Le poëte n’oublie ni les absents, ni les officiers de bouche dont il ne dédaigne pas les services, ni surtout les nobles princesses qu’il a droit de nommer ses filles depuis qu’elles ont sollicité ses leçons, lui rappelant que Jérôme, ce grand docteur de l’Eglise, ne dédaigna pas d’adresser des femmes ses interprétations des livres saints. Sans doute le pédantisme mêle ses travers au premier enthousiasme des plaisirs d’esprit. Ces Germains, fouillant toute l’antiquité classique et toute la Bible pour y dérober des noms moins rudes que ceux de leurs pères ; les évêques et les guerriers se faisant appeler comme les pasteurs des églogues ; l’opiniâtreté des discussions grammaticales ; le goût des énigmes, ouïe grand roi lui même :

Quid faciet Beleel Iliacis( ?) doctus in odis ?
Cur, rogo, non tenuit scholam sub nomine patris ?


    Je me suis permis de rapprocher les vers qui traitent de la chapelle, et qui dans le texte forment deux fragments sépares peut-être par une erreur de copistes.