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parcourt la correspondance d’Alcuin : c’est là qu’il faut se donner le spectacle du palais de Charlemagne, avec ses trois lumières qui l’éclairent l’académie, ou plutôt la réunion d’hommes lettrés que le prince appelle à discuter des questions de tout genre ; la bibliothèque, richement pourvue de livres sacrés et profanes ; enfin l’école, où les jeunes gens sont instruits. C’est là que Pierre de Pise enseigne, et qu’après lui s’introduisent ces Irlandais qu’on insulte du nom d’Égyptiens ; c’est là qu’espérant tout du grand roi qu’il sert, Alcuin rêve une nouvelle Athènes. Un ouvrage si beau veut le concours d’une main toute-puissante. Il faut que Charles veille à l’éducation de la jeunesse du palais, exhortant les disciples au culte de la science, qui fera la fortune de leur âge mûr et l’honneur de leurs cheveux blancs. Ces intelligences grossières et encore rouillées ont besoin d’être polies : c’est ce que le prince obtiendra, s’il exige qu’on reproduise avec élégance les pensées éloquentes qu’il aura dictées. Ces textes ne souffrent pas d’équivoque : on y voit tout ce qui forme une école, des maîtres, des élèves, un enseignement soutenu. Mais la scène achève de s’animer, et tout l’intérieur de cette cour savante se découvre dans une épître en vers où l’on se perdrait aisément, si l’on ne savait d’avance que sous les noms de David, de Flaccus, d’Homère, et tant d’autres tirés de l’Éci-iture ou de l’antiquité, on retrouve Charlemagne, Alcuin lui-même,