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gue souvent cité, où l’on a reconnu la trace de la poésie anglo-saxonne, mais où je crois trouver aussi le souvenir de l’école de Toulouse. Donatus le Troyen, Énée, Galbungus, avaient pratiqué cette méthode de provoquer l’imagination de leurs disciples par des questions, par des allégories dont il fallait soulever les voiles. « Qu’est-ce, disait Énée, « que le cheval qui, après avoir fourni sa carrière, rentre à l’étable pour laisser le champ libre à la jument et aux poulains ? – C’est le soleil qui se couche, laissant le firmament à la lune et aux étoiles, » – « Qui donc, demandait Galbungus, parcourt en une heure toutes les sphères du ciel ? – C’est l’esprit de l’homme. » Alcuin ne procède pas autrement, lorsque, se mettant lui-même en scène avec Pépin fils de Charlemagne, il interroge et répond tour à tour.

« Pépin. Qu’est-ce que l’écriture ? – Alcuin. La gardienne de l’histoire. – P. Qu’est-ce que la parole ? – A. La trahison de la pensée. – P. Qui engendre la parole ? – A. La langue. – P. Qu’est-ce que la langue ? – A. Le fléau de l’air. – P. Qu’est-ce que l’air ? – A. La garde de la vie. – P. Qu’est-ce que la vie ? – A. La joie des heureux, la douleur des malheureux, l’attente de la mort. – P. Qu’est-ce que l’homme ? A. L’esclave de la mort, l’hôte d’un lieu, un voyageur qui passe. »

Les questions suivantes sont bien d’un fils des