Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/539

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une phrase dont le mérite échappe à la traduction : les quinze premiers mots commencent par un P. « Avant tout, et selon l’honneur qui est dû aux princes et à ceux qui gouvernent, Aldhcim célèbre d’abord le Créateur de l’univers, lui dédiant ses poëmes et ses discours. » Il lui rend grâces d’avoir ramené Eadfrid de la brumeuse Irlande, où ce savantjeune homme passa trois fois deux ans, suspendu aux mamelles de la Philosophie. « Car, dit-il, telle est la renommée des Irlandais ; et l’opinion qu’on a de leur science s’est répandue a ce point, qu’on voit passer et repasser sans cesse ceux qui vont visiter ce pays, ou en reviennent. Pareils à des essaims d’abeilles qui composent leur nectar, et qui, au moment où l’ombre de la nuit se retire, vont se poser sur les fleurs des tilleuls, pour revenir à la ruche chargées de leur fardeau jaunissant ; ainsi la foule des lecteurs avides va recueillir, non-seulement les six arts de la grammaire et de la géométrie, sans compter la science physique, mais aussi les quatre sens de l’Écriture, avec l’interprétation allégorique et tropologique de ses oracles. » Il s’étonne de ce concours d’écoliers qui mettent en mer des flottes entières « comme si, sur cette terre verte et féconde d’Angleterre, les maîtres grecs et romains nous manquaient pour expliquer, à ceux qui veulent savoir, les obscures questions de l’Écriture divine. Car, bien que le ciel d’Irlande ait de bril-