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raconte que deux pèlerins lui demandèrent l’aumône et, l’ayant reçue, ils s’adressèrent à un clerc qui les avait introduits : « Est-ce donc sa sœur, lui dirent-ils, cette noble et belle dame qui se tient à ses côtés, lui présentant le compas, et lui montrant ce qu’il doit faire ?  » Or c’était la mère de Dieu qui venait aider son ouvrier. À cette gracieuse légende, je reconnais bien l’imagination des Irlandais, comme je trouve la trace de leur passage dans ce culte de la musique, dont Saint Gall conserva la tradition. L’Irlande avait porté là sa harpe, emblème de son génie, que cette nation opprimée garde encore dans l’écusson de ses armes symbole de la parole chrétienne, qui doit finir par vaincre les barbares de tous les siècles, mais en les charmant[1].

  1. Weidmann, Geschichte der Stift-Bibliothek von S. Gallen. On avait fait ces vers sur l’affluence des Irlandais à Saint-Gall :

    Scottigenae pro se (?) nidificant velut ipse.
    Tanquam Germani vivunt ibi compatriani.

    Sur les livres irlandais de la bibliothèque de Saint-Gall, voyez les anciens catalogues publiés par Weidman. Métzler, De viri illustribus monasterii S. Galli. Eckehard, Casus S. Galli, ap. Pertz, t. II. Et plusieurs poëmes des moines de Saint-Gall, apud Basnage, Thesaurus, t II, pars 5, p. 190 et suiv. Je remarque surtout l’ode d’Hartmann à Notker, pour l’encourager à écrire la vie de S. Gall :

    Ultima secli generate meta,
    Vincis antiquos lyricos poetas,
    Pindarum, Flaccum, reliquosque centum,
    Carmine major.
    Quid prodest temet studiis librorum
    Tam brevis vitae morulas dicasse,
    Corpus ae fractum macérasse tantum,
    Si nihil audes ?