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appelé Fiech ; celled’Armagh, à son disciple Benignus, probablement Gaulois comme lui. Son esprit devait lui survivre dans les grandes colonies monastiques de Clonard, de Lismore, de Bangor. Quelque part que la religion érigeât ses autels, les lettres dressèrent leur chaire à côté. Cette hardiesse chrétienne des Irlandais, qui n’eut jamais peur de trop savoir, se montre bien dans l’histoire de saint Luan, le fondateur de Clonfert. Le jeune Luan gardait ses troupeaux, quand saint Comgali, le demandant à son père, l’emmena au cloître de Bangor, lui fit tracer un alphabet sur l’ardoise, et commença à l’instruire. Or il arriva qu’un jour Comgall vit son disciple aux pieds d’un ange qui lui enseignait les lettres et l’encourageait à l’étude. Et, ayant attendu que l’ange l’eût quitté, il le prit à part, et lui dit « Mon fils, tu as demandé au Seigneur une grâce périlleuse. Car beaucoup ont été trompés par leur science et par leur passion pour les arts libéraux, qui ont fait leur perte. » Luan répondit « Si j’avais la science de Dieu, je n’offenserais jamais Dieu car ceux-là lui désobéissent qui ne le connaissent pas. » Alors Comg. ill, rassuré, le quitta en disant « Mon fils, tu es ferme dans la foi, et la science véritable te mettra dans le droit chemin du ciel[1]. »

  1. Pour la vision de S. Patrice, Vita S. Patricii (auctore Joscelino), cap. XVII. En ce qui touche les premières écoles, Moore, History of Ireland chp XI, XII. Vita S. Moluae sive Luani, apud Fleming, Collectanea sacra. Je remarque aussi ces derniers avis