Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/510

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Saint Didier de Cahors..

Le premier est Didier de Cahors, disciple des écoles d’Aquitaine, mais appelé de bonne heure au palais, où il porta toute l’élévation d’une intelligence encore émue de la lecture des poëtes, des orateurs, et des jurisconsultes. Les conseils de sa mère Herchenfréda le suivaient au milieu des périls de la cour et cette femme barbare trouvait des paroles dignes de sainte Monique pour exhorter par lettres « son fils très-doux et très-aimant» à garder la crainte de Dieu, la fidélité au roi, la charité pour ses égaux, et la haine de tout mal. Il avait lié avec les plus intelligents et les meilleurs de ses compagnons un commerce dont on suit les traces dans sa correspondance, et qui n’est pas sans charme. Élevé successivement au gouvernement de Marseille et à l’évêché de Cahors, Didier n’oublia jamais ces premières joies de l’amitié, où les lettres avaient mêlé leur douceur. Il recevait des vers de Sulpice de Bourges, il rappelait à saint Ouen la tendre affection qui les avait tous deux unis à saint Éloi ; il écrivait à Abbon « Que de fois je voudrais si le temps me souriait un peu, aller renouer avec vous de chers entretiens Et, de même que jadis, sous les livrées du siècle et dans la compagnie du prince, nous aimions à nous communiquer nos pensées en échangeant nos tablettes, libres maintenant de toute vanité, nous méditerions ensemble les doux préceptes du Christ » Ces habitudes d’esprit, ce goût du beau, convenaient