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maintenant des chœurs d’hommes angéliques peuplaient d’églises et de monastères les villes et les bourgades, et faisaient retentir de pieux concerts les îles et les’profondeurs des bois. Vers le même temps, les Marcomans, ces vieux ennemis de l’empire, établis dans le —pays qui fut la Souabe, embrassèrent le christianisme. Frigitil, leur reine, entendit raconter par un chrétien d’Italie les actions de saint Ambroise ; et elle voulut connaître le Dieu qui avait de si grands serviteurs. Elle envoya donc au saint des messagers et des présents, afin qu’il lui fit savoir comment elle devait croire et prier.Il répondit par une lettre admirable, où il résumait tous les dogmes et toutes les preuves de la foi. La reine, reconnaissante, persuada son époux et son peuple ; et les Marcomans convertis ne troublèrent plus le repos du monde. Tel était le pouvoir d’un nom dans un siècle où tous les pouvoirs humains périssaient. Arbogaste, ce Franc mercenaire qui fit un empereur, mangeant un jour avec plusieurs chefs de sa nation, ils lui demandèrent s’il connaissait Ambroise ; et comme il répondit qu’il en était aimé, et que souvent ils s’asseyaient tous deux à la même table : « Nous ne nous étonnons plus, s’écrièrent-ils, que tu battes tes ennemis, si tu es l’ami d’un homme qui dit au soleil : Arrête-toi et le soleil s’arrête». La foi pure et forte de l’Église des Gaules pénétrait peu à peu parmi ce grand nombre de barbares auxiliaires qui remplis-