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de Dieu alla donc trouver le roi, et lui tint un langage si ferme, que le " barbare, troublé, promit de rendre ses captifs et d’épargner le pays on l’entendit ensuite déclarerà ses compagnons que jamais, en aucun péril de guerre, il n’avait tremblé si fort. Mais c’est surtout du fond de son monastère de Vienne qu’on voit Severin exercer son apostolat parmi les Rugiens, attirer leurs chefs dans sa cellule, s’appliquant à les détacher de l’hérésie, s’occupant aussi de leurs intérêts et de leurs dangers, leur conseillant d’aimer la paix et de ménager les faibles. Rien n’est plus beau que le récit de ses derniers moments, quand, averti de sa fin prochaine, il mande auprès de lui le roi Fléthée et la reine Gisa, fougueuse arienne dont il avait plus d’une fois combattu les violences. Après avoir exhorté le roi à se souvenir de Dieu et à traiter doucement ses sujets, il mit la main sur le cœur du barbare, et se tournant vers la reine : « Gisa, lui dit-il, aimes-tu cette âme plus que l’or et l’argent ? Et comme Gisa protestait qu’elle préférait son époux à tous les trésors : «Eh bien donc, reprit-il, cesse d’opprimer les justes, de peur que leur oppression ne soit votre ruine. Je vous supplie tous deux, en ce moment où je retourne à mon maître, de vous abstenir du mal, et d’honorer votre vie par des actions bienfaisantes. » L’histoire des invasions a bien des scènes pathétiques. Je n’en connais pas de plus instructive que l’agonie de ce vieux Romain