Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/464

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mes fils, dit-il, se nommera Virgilius Maro, car l’âme de l’antique Maro revit en sa personne[1] . »

Assurément, si de tels récits ne sont pas d’un homme en délire, il faut leur prêter un sens allégorique. En effet, de nombreux détails ne permettent pas de contester la réalité des personnages qui se cachent sous ces noms étrangers et nous trouvons la première clef de l’énigme dans le témoignage d’Abbon de Fleury, qui fait vivre notre auteur à Toulouse. Toulouse était donc la Rome des Gaules, de même que Rome était la seconde Troie. En continuant l’interprétation, nous pourrions reconnaître dans le nouveau Romulus le roi Euric, fondateur de la monarchie des Visigoths. Il ne faut point s’étonner de voir au sixième siècle fleurir tant de Virgiles. Les temps barbares aimèrent ce nom c’était pour eux le nom d’un sage, d’un prophète, qui, dans la quatrième églogue, avait prédit l’avénement du Sauveur ; j’allais dire le nom d’un saint. On connaît un Virgile diacre de

  1. Virgilii Epitom. V. De catalogo grammaticorum p. 123 « Primus igitur fuit quidam senex Donatus apud Trojam, quem ferunt mille vixisse annos. Hic quum ad Romulum, a quo condita est Roma urbs, venisset, gratulantissime ab eodem susceptus, quatuor continuos ibi fecit annos, scholam construens et innumerabilia opuscula relinquens, in quibus problemata proponebat, dicens :« Quae sit mulier illa, o fili, quae ubera sua innumeris filii porrigit ?. » etc. Unde Aeneas, quum me vidisset ingeniosum hominem, me hoc vocabulo jussit nominari, dicens : « Hic filius meus Maro vocabitur, quia in eo antiqui Maronis spiritus redivivit.»