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des maîtres. Un jeune pâtre nommé Walaric, en menant les moutons de son père sur les montagnes d’Auvergne, entendit parler des leçons qu’on donnait aux fils des nobles. La passion d’étudier s’empara de lui, et, s’étant fait une tablette, il alla prier humblement un maître du voisinage de lui tracer un alphabet. Il obtint ce qu’il demandait, et se mit à l’étude avec tant d’ardeur, qu’en peu de temps il sut le psautier d’un bout à l’autre. Tous eus exemples sont du sixième siècle. Ainsi, cent ans après que Clovis avait fait son entrée dans l’Église, les derniers de son peuple faisaient leur entrée dans l’école. Il ne faut pas s’étonner si les souvenirs de l’antiquité latine, descendus jusqu’au fond même de la nation, s’y confondent avec les fables germaniques ; si le nœud se forme entre les deux traditions, et si Frédégaire raconte déjà comment les Francs, échappés à la ruine de Troie, vinrent, sous la conduite de Francion, bâtir une Troie nouvelle au bord du Rhin, et comment les Mérovingiens, issus du même sang qu’Énée, sont les héritiers naturels des Césars[1].

  1. Fortunat, Carmin., IV, 17.Epitaphium Wilithrudae

    Sanguine nobilium generata Parisius urbe
    Romana studio, barbara prole fuit.
    Ingenium mite torva de gente trahebat
    Vincere naturam gloria major erat.

    Vita S. Wallarici (auctore quodam VIII seculi), apud Mabillon, A. SS. 0. S. B., II, 77 : « .Nam quum esset in Alvernia regione ortus et adhuc puerulus…oviculas patris sui ibidem per pascua laeta circumagens,. et per amœna vireta eas conservans, audivit in