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du christianisme, Fortunat la soutient de ses louanges, il la félicite de lire les Pères grecs et latins c’est pour elle qu’il réserve.ses plus gracieuses compositions. S’il lui adresse des vers pour déplorer le moment où elle s’enferme dans sa cellule, et d’autres pour célébrer le jour où elle en sort des vers pour la remercier d’une jatte de lait, des vers en lui envoyant une corbeille de châtaignes, des vers avec des fleurs ; il fallait peut-être ces puérilités, qui ne sont pas toujours sans charme, pour faire entrer les lettres latines dans l’éducation des femmes[1]. En même temps, il cherche des disciples plus puissants et moins dociles parmi les gens de cour et les gens de guerre. Assurément lorsque, pour célébrer les noces de Sigebert et de Brunehaut, il fait descendre du. ciel Vénus et Cupidon, ou que, pour consoler Frédégonde de la perte de ses fils, il fait l’énumération de tous les hommes illustres qui sont morts, on peut sourire de la gaucherie de cette muse classique, fourvoyée dans le sanglant palais des Mérovingiens. Mais c’était beaucoup de l’y avoir fait entrer, d’avoir triomphé des mépris des vainqueurs,

  1. Fortunat, Carmina lib. VII, 1, 5, 6, 7, 8, 9, 10 ad Radegundem post reditum  :


    Unde mihi rediit radianti lumine vultus ?
    Quaenimis absentem te tenuere morœ ?
    Abstleras tecum, revocas me gaudia tecum,
    Paschale facis bis celebrare diem.

    Carmin., lib X, passim.