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Vandales. Les évêques unissent au zèle de l’orthodoxie la passion des arts et le goût de la politesse antique ; ils voyagent dans la pesante voiture des nobles gaulois ; ils ne dédaignent point le luxe des jardins ; si leur table est frugale, de riches tapis la couvrent, brodés de feuillages et de vigne et le convive charmé y voit verdir la vigne dont il boit le fruit. Ces graves personnages aiment les vers, et Fortunat ne les en laisse point manquer. Il correspond avec tous il a des félicitations pour leur avénement, des hymnes pour leurs fêtes, des inscriptions pour leurs églises, des distiques improvisés pour recommander à leur charité un pèlerin qui passe, une jeune fille qui plaide. Les plus saints ne résistent pas toujours à la satisfaction d’être célébrés dans la langue des dieux ils finissent par croire à cette immortalité que le poëte leur promet, et qu’il leur assure selon son pouvoir, en dictant l’épitaphe de leurs tombeaux. Je trouve en lui l’interprète, le lien, l’âme de cette société qu’il chante. L’élégance qu’il aime dans les moindres détails de la vie passe dans ses vers, et leur prête des tours heureux qu’un temps meilleur n’eût pas désavoués. Et si je m’indigne de la pauvreté de ses jeux d’esprit, je n’y reconnais rien que je n’aie vu, non-seulement au siècle d’Ausone, mais chez les contemporains de Théocrite et de Callimaque[1].

  1. Sur les basiliques de Bordeaux, de Saintes, de Tours, de Paris,