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chevaux, et à rêver la restauration de l’empire par les mains de son —peuple. Là, dans les villes illustrées par la naissance de Sénèque, de Lucain, de Martial, après les premières terreurs de la conquête, rien n’aurait troublé le calme des intelligences, sans les persécutions de l’arianisme, ennemi secret du nom romain. Les menaces d’une secte jalouse, et quelquefois sanguinaire, n’avaient pourtant pas découragé les hommes savants qui honorèrent l’Espagne au sixième siècle comme Martin de Dume, évêque de Braga, dont nous avons des vers, et Jean de Béclar, auteur d’une chronique célèbre, versé dans les lettres grecques et latines. Mais l’arianisme allait finir, au moment même où parut une famille appelée à de hautes destinées. Un homme de race latine, appelé Séverien, eut de son épouse Turtur cinq enfants. Théodora, l’aînée des filles, devint reine, partagea le trône de Leuwigilde et donna le jour au premier roi catholique, Reccared. La seconde, Florentina, demeura vierge, et consacra sa vie-à seconder les travaux de ses trois frères. Léandre, le premier de ceux-ci, porté au siége épiscopal, fit l’admiration des contemporains par son éloquence et son savoir, en même temps qu’il décida de l’avenir de son pays en ramenant Reccared à l’orthodoxie. Fulgence fut aussi évêque, et les historiens louent sa doctrine autant que sa sainteté. Mais cette famille entière ne sembla suscitée que pour veiller sur l’enfance du plus jeune