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les Alemans au confluent du fleuve avec l’Inn, où un ancien camp (Batava Castra) marquait la place de Passau ; les Hérules à Juvava, aujourd’hui Salzbourg, sur la route de l’Italie, ouverte à leurs armes. Les habitants des villes, décimés par la guerre et la famine, suivaient du haut de leurs murailles les rapides chevauchées de ces barbares qu’ils voyaient enlevant les moissons, et chassant devant eux des troupeaux de captifs. Les garnisons. délaissées, sans solde et souvent sans armes, finissaient par abandonner leurs postes. Le clergé même n’était plus maître des esprits effrayés ; et beaucoup de chrétiens, ne sachant plus de quels dieux conjurer la colère, allaient prier à l’église et ensuite sacrifier aux idoles[1] (1).

St Severin, apôtre du Norique.

C’est au milieu de l’épouvante universelle que parut un anachorète nommé Severin, dont personne ne connut jamais ni la naissance ni la première vie. Son langage était celui d’un latin mais ses habitudes et ses discours trahissaient un long séjour en Orient, où il avait cherché la perfection chrétienne chez les saints des déserts. Du monastère qu’il s’était bâti aux portes de Vienne, le bruit

  1. Vita ap. Bolland., cap. i « Tempore quo Attila, rei Hunnorum, defunctus est, utraque Pannonia et cetera Danubii confinia rebus turbabantur ambiguis. » Cf. cap. ii, vi, vii. – Les Rugiens étaient inquiétés par les incursions des Thuringiens et par les Goths, qui leur fermaient l’entrée de l’Italie cap. ii et vi. Sur l’abandon des garnisons, cap. ii et vii. Sur l’opiniâtreté des pratiques païennes, cap. IV.