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tenaient les plaids du canton ; enfin de ces Ghildes qui associaient les guerriers par des sacrifices communs, des banquets solennels, et le serment de se prêter main-forte. Toutefois ne pensez pas que les libertés germaniques périssent en passant sur une terre latine :elles y trouvent des libertés pareilles, dont elles se feront autant d’appuis. Le septième, le huitième, le neuvième siècle passent sans effacer la trace des institutions municipales, sans détruire les curies du Mans, d’Angers, d’Orléans, de Vienne et l’on n’est plus surpris de la résistance de ces vieilles villes, quand on connaît quels défenseurs Rome, en les abandonnant, leur avait donnés[1].

Les municipes romains et les évêques.

Au moment où la politique romaine s’était trouvée impuissante à renouveler les garnisons des provinces, elle leur avait donné un renfort plus efficace qu’elle ne pensait, en attribuant aux évêques des fonctions municipales qui en firent les défenseurs des cités. Saint Loup et saint Aignan avaient bravé les fureurs d’Attila : leurs successeurs, un siècle plus tard, ne pouvaient pas reculer devant

  1. Sur les assemblées générales et celles de chaque canton, Tacite,de Germania , 6, 10, 12. Les Germains avant le christianisme chap. II. M. Thierry a mis en lumière toute l’organisation des Ghildes, et la part qu’elles ont eue à la conquête des libertés communales. Raynourd (t. 1) a prouvé l’existence des institutions municipales au Mans, en 615 et 642 ; à Orléans, en 667 à Vienne, en 696 ; à Angers, en 804. Au plaid d’Anduse, en 917, on voit paraître le chef des curiales, le défenseur, les honorati. Néanmoins M. Guerard (Polyptique, prolégomènes) rappelle la distinction qu’il ne faut jamais oublier entre les municipes et les communes.