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ce levain de barbarie qui devait faire la sève des peuples nouveaux[1].

L'empire tel que Charlemagne le conçut.

Il semble qu’il fallut plus d’un an à Charlemagne pour entrer dans la pensée du pape Léon III, et pour comprendre que cette surprise de la nuit de Noël pouvait fixer les destinées de l’Occident. C’est en effet au mois de mars de l’an 802 qu’un capitulaire d’Aix-la Chapelle inaugura pour ainsi dire le nouveau pouvoir par les dispositions suivantes, qui font voir dans le rétablissement de l’empire autre chose que la renaissance d’un grand nom : « Le sérénissime et très-chrétien empereur Charles a ordonné que tout homme de son royaume, ecclésiastique ou laïque, chacun selon sa profession, qui lui aurait précédemment juré fidélité à titre de roi, lui rendît maintenant hommage à titre de César. Ceux qui n’auraient encore fait aucune promesse la feront aujourd’hui, s’ils ont atteint leur douzième année. Et qu’on enseigne à tous publiquement, de manière qu’ils l’entendent, quelle est la grandeur de ce serment et tout ce qu’il embrasse. Car il ne faut point croire, comme plusieurs l’ont pensé jusqu’ici, qu’on doive seulement au seigneur empereur la fidélité ordinaire, c’est-à-dire de ne pas attenter à sa vie, de ne pas introduire l’ennemi sur ses terres, et de ne se rendre complice d’aucune

  1. Eginhard, Vita Caroli Magni, 23, 26, 28, 29.