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Les Mérovingiens imitent le gouvernement impérial.

Ils firent plus cette souveraineté, qu’ils ne voulaient plus reconnaître en Orient, ils la transportaient en Occident, pour ainsi dire, pièce à pièce. Sans doute il ne faut point renouveler les erreurs d’une autre époque, et oublier tout ce qu’il y eut de barbarie dans le palais de Frédégonde et de Brunehaut ; mais il n’est plus permis de nier les prodigieux efforts des Mérovingiens pour sauver, pour reproduire dans des proportions plus restreintes, pour naturaliser chez les Germains toutes les traditions de la politique impériale. A l’exemple de Clovis, ils prennent d’abord le costume et le titre, ce qui frappe l’imagination des peuples. Ils portent la couronne radiée, le vêtement long, le sceptre des magistrats romains : Théodebert paraît sur ses médailles avec le javelot sur l’épaule, signe de la toute-puissance militaire ; leur siége est un trône. Comme ils se font appeler Auguste, les

    voyez encore le travail de M. Lenormant. Ses recherches, poursuivies avec un rare bonheur, achevèrent de rétablir les règles du monnayage de la Gaule au sixième siècle. Revue de numismatique, t.XIII, p. 194 et suiv. Ce rôle de Théodebert s’accorde bien avec les félicitations que lui adresse l’évêque Aurélien (Epist. apud Duchesne, I, 857) « Macte restaurator vetustatis, novitatis inventor. » Epistol. Childeberti, apud Duchesne, I, 866. Vita S. Treverii apud Bolland, 16 jan. : « Quumque jam Galliarum Francorumque reges, suae ditionis, sublato imperii jure, gubernacula ponerent, et, postposita reipublicae dominatione, propria fruerentur potestate. Cf. Vita S. Johannis Reomensis, ap. D. Bouquet, III, 412. « Tempore quo Franci, postposita republica, sublatoque imperii jure, propria dominabantur potestate. » Lehuerou, Histoire des institutions mérovingiennes, I, 266 et suiv.