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l’Empire germanique, l’une dés plus vastes monarchies qui furent jamais, et qui devint pendant quatre cents ans le cœur de la chrétienté et le -centre des affaires du monde. Ainsi le’christianisme avait organisé la société à son image. De même qu’il prenait de l’argile, du sable et de la pierre, et que, bénissant ces grossiers matériaux, il les élevait en voûtes, les transformait en vitraux, y mettait partout le sentiment et la vie, jusqu’à ce qu’il en eût fait une chose pour ainsi dire spirituelle, et que sa pensée resplendît dans l’édifice de même il avait —pris ces choses matérielles et nécessaires, les armes, les richesses, le lien du sang, et, les employant, les moulant à son gré, il en avait fait un édifice politique qui répondait à ses desseins. Les hommes ne s’y trompaient pas au milieu de cette organisation de l’État, dont ils voyaient l’appareil extérieur, ils sentaient une puissance mystérieuse qui en était l’âme. Et quand l’empereur, au jour de son couronnement, se montrait le diadème en tête, tenant d’une main le sceptre et de l’autre le globe du monde, faisant porter devant lui la croix, la lance et le glaive, entouré de la féodalité sous les armes, et des députés des villes libres du Danube et du Rhin en présence d’un si grand spectacle, la foule répétait cette acclamation solennelle. « Le Christ est vainqueur, le Christ règne, le Christ a l’empire ! Christus vincit, Christus regnat, Christus impe-