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habitudes ils y portèrent, la vie des camps. Les évêchés se convertirent en bénéfices conférés par voie d’investiture féodale, et à charge du service militaire. L’inféodation de l’Église fut un des plus grands périls du moyen âge. Sans doute ces temps avaient besoin d’une aristocratie belliqueuse, appuyée sur l’hérédité. Mais, afin qu’un pouvoir si pesant n’écrasât point la société qu’il couvrait, il fallait qu’il eût pour contre-poids le pouvoir de l’Église, recrutée démocratiquement par l’élection ; il fallait que les fils des laboureurs et des charpentiers, assis aux champs de mai et aux parlements à côté dés barons, y défendissent les intérêts du peuple d’où ils étaient sortis. Si la féodalité se fût emparée de l’épiscopat, si une caste sacerdotale et guerrière, comparable à l’ancien patriciat de Rome, eût mis la main sur les affaires et en même temps sur les consciences, que fût devenue la liberté du monde ? Il semble que ce danger avait été pressenti, lorsqu’on voit à l’assemblée de Worms, en 805, une requête présentée à Charlemagne, « afin que les évêques ne soient plus contraints d’aller à la guerre, mais qu’ils demeurent dans leurs diocèses, occupés de leur sacré ministère ; qu’ils prient pour le prince et pour l’armée, faisant des processions et des aumônes… en sorte que le prêtre ne soit pas comme le peuple[1]. » Les conciles

  1. Schannati, Concilia Germaniae, Concilium Aquisgranense (836)  : « Nullus episcopale ministerium per ambitionem munerum