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nisme, au-dessus des lois ; ils apprirent à se ranger sous la même règle que les derniers serfs de leurs domaines, à respecter la sainteté des mariages, la vie des hommes, la loyauté des contrats. Les canons du concile d’Aix-Ia-Chapelle, en 836, contenaient déjà le principe de cette redoutable doctrine du moyen âge : que les royaumes se perdent pour défaut de justice. Les princes connurent encore ce que l’antiquité avait ignoré : que l’obéissance politique avait des limites que, tout formidables qu’ils étaient, leurs épées n’effaceraient jamais un seul des commandements de Dieu, et que le pouvoir temporel n’a rien à voir dans le domaine des consciences. C’était beaucoup faire pour l’avenir, que de sauver ainsi le principe de l’égalité des hommes ; d’assurer aux sujets la liberté d’être gens de bien, qui est la première de toutes ; d’établir la justice dans les volontés, d’où elle devait tôt ou tard descendre dans les institutions ; et de maintenir, enfin, au milieu de toutes les violences et de toutes les tyrannies, l’idée du devoir, de l’accomplissement duquel dérivent tous les droits[1]

  1. Concilium Parisiense, 829, canon 31. Concilium Aquisgranense, 836, III, de persona Regis filiorumque ejus et ministrorum, 1. « Si enim pie et juste et misericorditer regit, merito rex appellatur. Si his carnerit, non rex, sed tyrannus est. » 2. « Ad quid etiam constitutus sit imperator, Fulgentius in libro de Veritate prædestinationis et gratim scribit Clementissimus quoque imperator non ideo est misericordiæ vas præparatnm in gloriam, quia apicem terreni principatus tenet ; sed si magis in timore servire Deo quam in timore dominari populo delectatur, si in eo lenitas