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ment « la soumission qu’ils voulaient garder envers le siège romain, et leur ferme résolution de suivre canoniquement les préceptes de saint Pierre, afin d’être comptés au nombre de ses brebis. » Dès lors, l’action de la papauté ne cessa plus de presser les destinées religieuses de l’Allemagne : il lui arriva même, comme à toutes les puissances qui triomphent, qu’on lui attribua plus de droits qu’elle n’en avait prétendu, et qu’on lui soumit plus d’affaires qu’elle n’en voulait. C’est l’origine des fausses décrétales, dont on a fait tant de bruit. On n’y voit plus aujourd’hui qu’un recueil de canons interpolés, rédigés en Austrasie, loin de Rome et à son insu, dans l’intérêt des évêques francs, qui cherchaient à s’ouvrir un recours plus facile auprès du siége apostolique, contre les entreprises des métropolitains et les vengeances des rois. Quand la violence envahissait tout, il fallait bien que le droit se fût réfugié quelque part. On sentait sa présence au Vatican, et tous ceux qui attendaient justice tournaient les yeux de ce côté[1].

  1. Schannati, Concilia Germaniae I, 2. Binterim, Deutsche Concilien, II. Les recherches de la critique moderne ont éclairé l’origine des fausses décrétales. On les voit paraitre vers 845, dix ans après le concile de Thionville, où les archevêques de Reims, de Lyon, de Narbonne, et plusieurs évêques, avaient été violemment déposés ; quand l’épiscopat ébranlé par les vengeances politiques menaçait ruine, et que les peuples effrayés demandaient le rétablissement des prélats et la restauration des églises. Dans ces orageuses circonstances, il était naturel de placer l’autorité épiscopale