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grands préceptes qui conviennent aux âmes exercées dans la loi du Seigneur : et, comme le’ lait est pour l’àge tendre, ainsi l’on doit donner des règles plus douces à ces peuples ignorants qui sont dans l’enfance de la foi. Si le joug suave et le fardeau léger du Christ eussent été annoncés à ce peuple inflexible des Saxons avec autant de persévérance qu’on en a mis à exiger les dîmes, et à faire exécuter toute la rigueur des dispositions de l’édit pour les moindres fautes, peut être n’auraient-ils pas horreur du baptême. Que les propagateurs de la foi s’instruisent donc aux exemples des apôtres ; qu’ils soient prédicateurs et non des prédateurs, et qu’ils se confient en Celui de qui le prophète rend ce témoignage : Il n’abandonna jamais ceux qui espèrent en lui[1] Ainsi l’Église rappelait l’immuable distinction du domaine temporel et du-domaine spirituel, la liberté de l’âme, le respect des consciences et, en réclamant ses droits, elle revendiquait tous les droits de l’humanité.

Elle fut écoutée il semble qu’une politique plus clémente prévalut dans les conseils de Charlemagne.

  1. Alcuin, Epist. ad Megenfridum« Fides quoque,sicut sanctus Augustinus, res est voluntaria, non necessaria. Attrahi poterit homo ad fidem, non cogi. Gratis accepistis, gratis date. Sint praedicatores, non praedatores. » Cf. Epist. XVI,ad Carolum Magnum« Pios populo novello prœdicatores, apostolorum. praeceptis intentos, qui lac, id est suavia praecepta, suis auditoribus initio ministrare solebant. »