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dant des actions de grâces à la clémence divine, parce que les nations païennes, rangées sous la puissance du roi, entraient dans la grande religion. » Pour louer Dieu d’une si éclatante victoire, il ordonnait trois jours de processions solennelles dans toutes les contrées habitées par les chrétiens[1]. L’imagination des peuples s’empara de ce grand événement. On racontait qu’aux jours

  1. Caroli M. Epist. I, ad regem Offam Ducesque Saxoniae. Wittikindus et Alboin, cum fere omnibus incolis Saxoniniae, baptismatis susceperunt sacramentum, Domino Jesu de cetero famulaturi. » Epist. XXVI Hadriani pp. Ad Carolum M. « Unde nimis amplius divinae~ clementiae retulimus laudes, quia nostris vestrisquo temporibus, gentes paganorum in veram et magnam deducta : religionem atque perfectam fidem, vestris regalibus substernuntur ditionibus. ut. maximum fructum in die judicii ante tribunal Christi de eorum animarum salute offere mereamini dignissimum munus, et pro amore animarum lucra infinita mereamini adipisci in regno cœlesti. » Je rattache ici une anecdote du moine de Saint-Gall, où l’on voit au vif l’impression que cette grande guerre avait laissée dans l’âme de Charlemagne, et en même temps l’incroyable ignorance de la cour byzantine, devenue étrangère a toutes les affaires d’Occident. « Comme donc Charles avait envoyé des députés au roi de Constantinople pour l’entretenir de la guerre de Saxe, le prince leur demanda si le royaume de son fils Charles était en paix. Le principal des envoyés ayant répondu que tout était pacifié, hormis les frontières, toujours inquiétées par les invasions des Saxons, cet homme endormi dans la mollesse s’écria : « Fi ! pourquoi mon fils s’épuisé «  t-il contre des ennemis sans nom et sans force ? Tiens, je te fais présent de cette nation, avec tout ce qu’elle possède. » Ce que t’envoyé ayant rapporté au trés-belliqueux Charles ; celui-ci repartit en riant : « Il t’aurait rendu plus riche, s’il t’eut fait présent d’un caleçon pour le voyage. » Remarquez aussi les prétentions réciproques des deux empires. Le Byzantin traite Charlemagne de fils, c’est-à-dire d’inférieur. Le moine allemand ne reconnait qu’un roi de Constantinople, les Francs ayant hérité du titre impérial. Monach. S. Gall., II, 5.