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centrale, venaient se jeter sur la frontière des Francs, Ainsi la Saxe avait à sa suite tout le paganisme, c’est-à-dire te monde presque entier, où les chrétiens tenaient encore si peu de place. Dès lors on ne s’étonne plus de trente-deux ans de combats il y allait de toute la religion, de toute la civilisation, de tout ce que furent nos pères, et de ce que nous serions un jour.

Préludes de la guerre. S.Liafwin.

Vers ce temps-là, un religieux nommé Liafwin, qui prêchait l’Évangile sur les bords de l’Yssel, résolut d’annoncer la foi aux Saxons, et se rendit à l’assemblée générale de Markio. Au jour solennel, les députés de la confédération étant réunis, quand les sacrifices allaient commencer, il s’avança, revêtu de ses habits sacerdotaux, portant dans ses mains la croix et l’Évangile. « Les idoles que vous adorez, dit-il, ne vivent ni ne sentent ; elles sont les ouvrages des hommes, elles ne peuvent rien, ni pour elles ni pour autrui. C’est pourquoi le seul Dieu, bon et juste, ayant pris vos erreurs en pitié, m’envoie parmi vous. Que si vous ne renoncez pas à l’iniquité, je vous annonce un malheur que vous n’attendez point ; car le Roi des cieux a ordonné d’avance qu’un prince fort, prudent, infatigable, viendrait, non de loin, mais de près, tomber sur vous comme un torrent, afin d’amollir la férocité de vos cœurs toujours durs, et de faire courber vos fronts orgueilleux. D’un seul effort il envahira la contrée, la dévas-