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raineté politique des papes et l’on avait retenu les fortes expressions d’Eusèbe, qui l’appelait l’évêque du dehors et le protecteur des saints canons[1].

En conférant le patriciat aux rois mérovingiens, les empereurs d’Orient leur avaient délégué la charge de protéger l’Église. C’est ce qui résulte du cérémonial et des formules de la cour byzantine pour l’investiture des nouveaux patrices. L’empereur leur donnait le manteau, l’anneau, la couronne d’or, et ajoutait ces mots : « Comme nous ne saurions nous acquitter seul de la charge qui nous est imposée, nous vous accordons l’honneur de faire justice aux églises de Dieu et aux pauvres, vous souvenant que vous en rendrez compte au souverain Juge[2]. »

Sans doute, les rois des Francs ne purent pas

  1. Cette formule, donnée par Paul Diacre, se trouve confirmée par un document inédit, je veux parler du manuscrit intitulé Graphia aureae urbis bornas, conservé à la bibliothèque Laurentium (Plut. 89, in-folio Cod. 41). J’extrais de ce texte, que je me propose de publier bientôt, le fragment qui suit Qualiter patricius sit faciendus.

    « Dum autem venerit patricius, in primis osculetur pedes imperatoris, deinde genu, ad extremum osculetur ipsum. Tunc osculetur omnes Romanos circumstantes, et dicent omnes Beneveniatis. Nobis nimis laboriosum esse videtur concessum nobis a Deo ministerium nos solos procurare. Quocirca te nobis adjutorem facimus, et hune honorem concedimus ut ecclesiis Dei et pauperibus legem facias, et ut inde apud altissimum Judicem rationem reddas. » Tunc induat ei mantum, et ponat ei in dextro indice annulum, et det ei bambacinum propria manu scriptum, ubi taliter contineatur inscriptum : « Esto patricius, misericors et justus. » Tunc ponat ei in capite aureum circulum, et dimittat eum. »

  2. Fénelon, Discours pour le sacre de l'archevêque de Cologne.