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sans maître, le butin enlevé, et la joie du retour dans la maison de leurs pères[1] L’Océan était le champ de la conquête, la terre était celui de l’héritage. Le toit immobile gardait la famille ; de sévères coutumes y conservaient la pureté du sang. Quand la vierge saxonne déshonorait le foyer paternel, quand l’épouse trahissait sa foi, les femmes de sa tribu la chassaient à coups de verges et de couteaux pointus, jusqu’à ce qu’elle tombât épuisée de douleur et de sang. La même jalousie séparait les trois castes des Ethelings, des Frilings et des Lassen, c’est-à-dire des nobles, des libres et des affranchis ces derniers, astreints au travail des champs, mais servis eux-mêmes par des esclaves. Les uns et les autres ne se mariaient qu’entre eux. Le peuple entier s’interdisait les noces étrangères, et conservait sans altération la noblesse de la race, comme l’indépendance du territoire. La distinction des castes n’effaçait point la communauté des intérêts. Tous les ans, dans chaque canton, les trois ordres des affranchis, des libres et des nobles, élisaient douze hommes. Les députés, rassemblés dans un lieu appelé Markio, sur les bords du Weser, au centre de la Saxe, y traitaient des affaires publiques. En temps de paix, chacun vivait inviolable sur sa terre, sous l’autorité d’un juge nommé pour le

  1. Les Saxons se font d’abord connaître par leurs pirateries sur les côtes de l’empire romain. Sidon. Apollin., ~ep. VIII, 6. Eutrop., IX, 21. Ammien Marc., XXX, 7. Claudien, De quarto consulatu Honorii, V, 30.