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y portèrent sous leurs habits le long couteau qui ne les quittait jamais, égorgèrent les chefs des Thuringiens, et demeurèrent les maîtres du territoire. Une terreur profonde se répandit dans la contrée ; et, en mémoire de l’événement, on appela ces étrangers du nom de leur arme nationale’: ils la nommaient Sahs ; on les appela « les hommes au grand couteau,» les Saxons[1] (1).

Ces fables jettent quelque lumière sur une antiquité où l’histoire ne pénètre pas. Le chemin qu’elles suivent remonte par la Scandinavie jusqu’au fond de l’Orient, premier berceau de toutes les traditions européennes. On reconnaît un peuple qui doit s’attacher au sol, puisqu’il l’achète, et qu’il change l’or éclatant, aimé des barbares, contre la propriété, fondement moral des sociétés. On y voit aussi la trace de ces courses maritimes où s’exerçaient les populations du Nord, et qui remplaçaient pour elles les invasions accoutumées des Germains du Midi. Au lieu d’une émigration sans repos à travers les marais, les bois et les villes fortifiées de l’ennemi, ils aimaient mieux leurs barques d’osier couvertes de cuir, de libres aventures sur des mers

  1. Witikind, Chronic., 4-7: « Fuerunt autem et qui hoc facinore nomen illis inditum tradunt : cultelli enim nostra lingua Sahs dicuntur. » Cette fable s’accorde avec les souvenirs conserves dans le Sachsenspiegel, III, 42, et dans le Cantique de saint Annon,vers 544, Schilter, Thesaurus, 1 :

    Von den mezzerin also wahsin

    Wurden si geheizzin Sahsin.