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quittaient point. « Cessez ce combat, mes enfants s’écria-t-il ; souvenez-vous que l’Écriture nous apprend à rendre le bien pour le mal. Car ce jour est celui que j’ai désiré longtemps, et l’heure de notre délivrance est venue. Soyez forts dans le Seigneur, espérez en lui, et il vous sauvera vos âmes. » Puis, se retournant vers les prêtres, tes diacres et les clercs inférieurs, il leur dit ces paroles « Frères, soyez fermes, et ne craignez point ceux qui ne peuvent rien sur l’âme mais réjouissez-vous en Dieu, qui vous prépare une demeure dans la cité des anges. Ne regrettez pas les vaines joies du monde, mais traversez courageusement ce court passage de la mort, qui vous mène à un royaume éternel ». Aussitôt une bande furieuse de barbares les enveloppa, égorgea les serviteurs de Dieu, et se précipita dans les tentes, où, au lieu d’or et d’argent, ils ne trouvèrent que des reliques, des livres, et le vin réservé pour le~saint sacrifice. Irrités de la stérilité du pillage, ils s’enivrèrent, ils se querellèrent et se tuèrent entre eux. Les chrétiens, se levant en armes de toutes parts, exterminèrent ce qui était resté de ces misérables. Le corps de saint Boniface fut retrouvé. Auprès de lui était un livre mutilé par le fer, taché de sang, et qui semblait tombé de ses mains. Il contenait plusieurs opuscules des Pères, entre lesquels un écrit de saint Ambroise : Du Bienfait de la mort[1].

  1. Willibald, IX. De passione sancti Bonifacii, Othlon, II, 21. Vita