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pour le bien des peuples, s’ils n’ont un conseil et un appui, comme j’ai essayé de leur en servir. Si la piété du Christ vous inspire de consentir à ma prière, veuillez me le mander par mes envoyés ou par vos lettres, afin que, grâce à vous, j’éprouve un peu de joie, soit-qu’il faille vivre ou mourir[1]. »

Ces pressentiments ne le trompaient pas. Au mi lieu de tant de grandes fondations ; ses sollicitudes ne s’étaient jamais détachées des missions de Frise, première passion de sa jeunesse. Il apprenait avec douleur que ces chrétientés mal affermies retournaient aux faux dieux, et compromettaient, par leurs défections, l’ouvrage entier de son apostolat. Déjà, en 755, il avait parcouru une partie de la Frise, recueillant les chrétiens tombés, et baptisant les païens mais il comprit que la conversion de ce peuple voulait tout l’effort de ses dernières années. Agé de soixante et quinze ans, tout cassé d’infirmités, rien ne put ébranler sa résolution d’aller finir chez les barbares. Il remit à Lull, son disciple, la dignité archiépiscopale, lui légua la charge d’ache-

  1. Bonifacii Ep. , ~12, 24, 75, 80, 79 « Propterea hoc maxime’ fieri peto, quia presbyteri mei prope marcam paganorum pauperculam vitam habent. Panem ad manducandum acquirere possunt, sed vestimenta ibi invenire non possunt, nisi aliunde consilium et adjutorem habeant, ut sustinere et indurare in illis locis ad ministerium populi possint, eodem modo sicut ego illos adjuvi. Et si pietas Christi hoc vobis inspiraverit, et hoc quod peto consentire et facere volueritis, per hos meos missos présentes, aut per litteras pietatis vestrae, hoc mihi mandare et indicare dignemini, ut eo laetior in mercede vestra vel vivam, vel moriar.