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Caractère de S. Boniface.

C’est qu’en effet, en étudiant de plus près la correspondance de saint Boniface, on trouve plusieurs de ces faiblesses qu’on aime dans les grandes âmes chrétiennes, comme une preuve qu’on a affaire à des cœurs de chair et non de bronze. On sait bien que ces scrupuleux, ces mélancoliques, ces pusillanimes, remueront le monde, parce qu’ils trouvent leur force dans la pensée même des devoirs qui les effrayent, mais qu’ils remplissent. En suivant l’apôtre des Germains dans des travaux qui égalent en hardiesse, en activité, en persévérance, les plus belles conquête romaines, on ne se douterait pas que toutes ses lettres font voir une âme délicate, froissée de la dureté d’un siècle pour lequel elle ne semble pas née, tourmentée de scrupules du côté de Dieu, d’inquiétudes du côté des hommes. A son entrée en Germanie, vers 724, il confie à son


    la première, l’énigme sur la charité, dans les derniers vers du préambule. J’y reconnais en effet dix vers, qui, rétablis dans leur ordre naturel, forment par leurs initiales l’acrostiche CARITAS AIT. Voici le début du poëme, et l’énigme de la Charité telle que je la reconstruis :

    Aurea namque decem transmisi dona sorori,
    Quae ligne vitre crescebant floribus almis.
    CARITAS AIT.

    Cuncta meis precibus restaurat secla redemptor,
    Actus, vel dicti, seu sensus, vincla resolvat.
    Regina clamor cœlorum, filia regis,
    Instruxi ( ?) mortale genus virtutibus almis,
    Tetrica mundani calcent ut ludiera luxus,
    Ad requiem ut tendant animae puisabo tonantem.
    Sedibus e superis soboles nempe arcitenentis
    Arbiter aethereus condit me calce ( ?) carentem
    In qua nec metas œvi nec tempora clausit ;
    Tempora sed mire témpore longa creavit.