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vie. Il s’enfonça dans la forêt qu’on nommait Buchonia, et il commenta à parcourir —de vastes espaces, remarquant les collines, les vallons, les torrents, les rivières. Il cheminait ainsi en récitant les psaumes et ne se reposait que la nuit. Alors, avec la serpe qu’il portait, il abattait du bois pour abriter son âne contre les bêtes sauvages et lui, s’étant signé, dormait tranquille. » Pendant plusieurs jours, Sturm erra dans les profondeurs de la forêt vierge sans rien voir que le-ciel, la terre et de grands arbres, sans rencontrer autre chose que les bêtes fauves, des volées d’oiseaux effrayés, et des bandes de sauvages qui descendaient à la nage le cours de la Fulda. Il s’arrêta enfin dans un lieu voisin de la rivière, dont la beauté lui plut, et, l’ayant béni et marqué d’un signe, il alla dire à l’archevêque ce qu’il avait trouvé. Saint Boniface approuva le choix, se rendit auprès du duc Carloman, et en obtint la concession du lieu indique, « jusqu’à un rayon de quatre mille pas à l’orient et à l’occident, au septentrion et au midi.  » Le douzième jour de mars de l’an 744, sept moines sous la conduite de Sturm, pourvus d’une donation de Carloman, avec l’assentiment de tous les hommes nobles du pays, prirent possession du sol avec des chants et des prières. Ils défrichèrent ensuite l’espace où devait s’élever le monastère, et au bout de deux mois Boniface vint le trouver avec un grand nombre de disciples et de serviteurs. Pendant que