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homme, accusé de s’être rendu l’aveugle instrument des papes, de les avoir importunés de consultations qui attestent la timidité de son esprit et de son caractère, ne craignait pas de faire entendre au siège apostolique de sévères avertissements : il réclamait hautement contre les abus de la chancellerie romaine ; il pressait le zèle du pape Zacharie, et demandait la suppression des danses idolâtriques, tolérées à Rome aux calendes de janvier. Des pèlerins qui avaient visité la ville sainte à cette époque lui rapportaient avec horreur qu’ils avaient vu sur les places, et jusqu’au seuil des églises, des danses accompagnées de chants sacriléges et de grands cris à la manière des païens, les tables chargées de viandes pendant la nuit, les femmes portant et vendant publiquement des phylactères et des amulettes. À ces récits, le vieil archevêque, qui a passé des années à poursuivre les restes de l’idolâtrie, s’indigne, et écrit au pape : « Que Votre Paternité daigne m’éclairer sur ce point, pour éviter à l’Église, aux prêtres et au peuple chrétiens, la douleur de voir naître des scandales, des schismes et des erreurs nouvelles. Car, si des hommes charnels, des Alemans, des Bavarois, des Francs, qui ne savent rien, voient pratiquer publiquement à Rome ce que nous leur défendons comme péché, ils le croient permis par l’Église, et en tirent une accusation contre nous, un scandale pour-eux. De là un grand obstacle à la prédica-