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pris pour le fils ressuscité de la veuve de Naïm, que saint Pierre aurait envoyé avec deux autres, Eucharius et Valérius, porter la foi aux peuples du Nord. Les trois missionnaires avaient descendu le Rhin jusqu’à une bourgade d’Alsace, quand Maternus mourut. Ses compagnons reprirent tristement le chemin de Rome : ils en revinrent quarante jours après avec le bâton de saint Pierre et, lorsqu’ils l’eurent posé sur le tombeau du mort, le mort se leva. Ce miracle commença la conversion des peuples : les trois saints l’achevèrent en bâtissant plusieurs églises, et continuèrent d’évangéliser la contrée jusqu’à Trèves, où ils arrivèrent l’an 54 de l’Incarnation. Ils y occupèrent l’un après l’autre le siège épiscopal. Maternus poussa plus loin ses prédications, et fut le premier évêque de Cologne et de Tongres. Après autant d’années de pontificat qu’il avait passé de jours dans le tombeau, comme il lisait l’évangile du fils de la veuve de Naïm, c’est-à-dire celui de sa propre résurrection, il mourut une troisième fois, pour ne plus ressusciter qu’au dernier jour. Il y avait assurément une poésie singulière dans ce récit, selon lequel toutes les nations germaniques devaient la foi aux larmes d’une veuve. Mais j’y trouve aussi une lumière historique, et une preuve de plus de l’antique attachement des Églises du Nord au siège de saint Pierre, puisqu’elles veulent tenir de lui le bâton pastoral, ce bâton du pêcheur qui devien-